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Sahel : un milliard de dollars pour la force G5, décide la Cédéao

Le sommet de la Cédéao s’est tenu à Ouagadougou samedi 14 septembre 2019. Dès l’ouverture des débats, le président de la commission de la Cédéao, Jean-Claude Brou, a planté le décor et il est plutôt sombre. Les terroristes sont omniprésents. “2200 attaques ces quatre dernière années, 11 500 morts, des milliers de blessés,des millions de déplacés”, une “activité économique considérablement affectée”, des “conflits intercommunautaires exacerbés” au Sahel et une menace qui s’étend au Sud.Cette plaie du terrorisme, tous les membres de la Cédéao souhaitent l’éradiquer et, fait rare, cela va au-delà des propos de circonstance. Sans doute parce que la menace concerne tout le monde, comme l’a fait remarquer le président du Burkina, Roch Marc Christian Kaboré. “Nous sommes tous exposés et aucun pays n’est à l’abri”, a-t-il déclaré.Un milliard de dollars900 millions d’euros sur quatre ans, voilà de quoi donner du baume au cœur des soldats du G5-Sahel et de la force multinationale mixte du bassin du Tchad. L’argent versé dans un pot commun servira à “renforcer les capacités opérationnelles” des armées de chaque pays membre du G5. Et elles en ont bien besoin de ce renfort ces armées, tant l’efficacité du G5 a été très faible.

Des soldats des forces armées maliennes lors d’une patrouille à la frontière du Niger le 2 novembre 2017. (DAPHNE BENOIT / AFP)

“Quel est le résultat opérationnel du G5 ? Le peu qui a été décaissé a servi en frais de réunion, d’hôtels, de fonctionnement… Le G5 est presque à genoux”, soulignait à l’AFP Mahamadou Savadogo, chercheur au Cerrad (Carrefour d’études et de recherche d’action pour la démocratie et le développement).L’idée de cette force, poussée par la France en 2014, était de faire monter en puissance les armées régionales pour épauler, voire à terme, remplacer l’armée française. Cinq pays du Sahel y participent : Mauritanie, Mali, Burkina, Niger, Tchad. Ils doivent contribuer à former une armée de 5000 hommes.L’argent manqueMais en février dernier, le constat dressé par le journal Les Echos était sans équivoque : “Il manque toujours le nerf de la guerre : l’argent.” Et fatalement, les missions dévolues à la force G5 ne sont pas remplies. Pire même, les terroristes ne cessent de progresser. Au nord du Burkina Faso, d’attentats contre les civils en attaques contre les soldats, ils semblent maîtres de la région.“Pour la première fois depuis l’indépendance, les autorités burkinabè ont perdu le contrôle de certaines parties du pays. Dans plusieurs régions du Nord et de l’Est, les tribunaux ont fermé leurs portes, tandis que les policiers et les douaniers ne quittent plus leurs postes parce qu’il est devenu trop dangereux de patrouiller. Huit cents écoles ont fermé”, écrit le think-tank International Crisis Group.Mais comment financer cet effort de guerre quand on fait partie des pays les plus pauvres d’Afrique ? En 2018 à Bruxelles, la Conférence internationale des donateurs avait promis 414 millions d’euros. En fait, un quart seulement aurait été versé. Les Etats-Unis regardent ailleurs, l’Union européenne promet 50 millions, l’Arabie Saoudite 100 millions, mais l’argent n’arrive pas.Des armées trop faiblesManquant de tout, de matériel mais surtout de formation, les armées ne s’engagent pas. Faute de résultats, les donateurs se montrent frileux. Un cercle vicieux que n’arrangent pas les problèmes de gouvernance au sein du G5-Sahel. La France a clairement sous-estimé la menace terroriste, estimant que les petites armées locales pourraient la contenir.En s’engageant aux côtés de la France, la Cédéao montre sa détermination à prendre en main sa propre sécurité. Elle réclame également de la part des Nations unies “un mandat plus offensif de la Minusma”, mandat qui “puisse permettre de lutter contre le terrorisme”, a dit le président nigérien Mahamadou Issoufou. “Le G5 est loin d’être mort “, a conclu le président nigérien.

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