Juifs, chrétiens, musulmans de tous pays, unissez-vous par la grâce d’un chat, d’un rabbin et d’une jeune fille au prénom comme une douceur au miel: les héros dessinés de Joann Sfar débarquent sur grand écran ce mercredi. Une leçon de vie.
Alger, années 1920. Le rabbin Sfar vit avec sa fille Zlabya, un perroquet bruyant et un chat espiègle qui dévore le perroquet et se met à parler pour ne dire que des mensonges. Le rabbin veut l’éloigner. Mais le chat, fou amoureux de sa petite maîtresse, est prêt à tout pour rester auprès d’elle… même à faire sa Bar-Mitsva! Le rabbin devra enseigner à son chat les rudiments de loi mosaïque…
Une lettre apprend au rabbin que pour garder son poste, il doit se soumettre à une dictée en français. Pour l’aider, son chat commet le sacrilège d’invoquer l’Eternel. Le rabbin réussit mais le chat ne parle plus. On le traite de nouveau comme un animal ordinaire. Son seul ami sera bientôt un peintre russe en quête d’une Jérusalem imaginaire où vivraient des Juifs noirs. Il parvient à convaincre le rabbin, un ancien soldat du Tsar, un chanteur et le chat de faire avec lui la route coloniale…
Dans Le Chat du rabbin, déjà un énorme succès en librairie (700 000 exemplaires vendus en France), c’est toute une vision du monde que livre Joann Sfar: « L’enjeu était de critiquer la religion mais de l’intérieur. Comme un enfant qui a suivi des cours de Talmud-Torah, de Coran ou de catéchisme, qui adore ses parents, ses profs, mais trouve que certaines choses là-dedans méritent d’être révisées », explique-t-il à l’AFP. Et aussi: «La religion est un sujet beaucoup trop important pour qu’on le laisse aux seuls croyants!»
Selon l’adage très sérieux «Qui aime bien châtie bien», Sfar, fils d’une famille de la petite-bourgeoisie niçoise, sépharade par son père et ashkénaze par sa mère, avait «envie de faire aimer les Juifs». Un défi de nos jours, «parce qu’aujourd’hui tout ce qu’on nous montre des juifs, c’est le ‘méchant soldat israélien’ ou ‘la Vérité si je mens’: des gens très riches qui se serrent les coudes et gagnent beaucoup d’argent».
Plus qu’un dessin animé, le réalisateur césarisé de Gainsbourg, vie héroïque a voulu un vrai « film destiné à tous, même aux grandes personnes, avec de vrais acteurs dont on tombe amoureux ». Ces acteurs, qui ont prêté leurs voix mais aussi leurs attitudes aux personnages -ils ont joué en costumes au milieu des dessinateurs- ce sont
, François Damiens,
, Fellag ou encore
, dans le rôle du chat. Laissons donc la conclusion au matou: « la connerie est le bien le mieux partagé par les êtres humains ».
J.S
Mercredi 1er juin 2011
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