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Quel est donc ce buste qui attire l’œil dans l’exposition “Le modèle noir de Géricault à Matisse”?

L’exposition du musée d’Orsay essaye de montrer comment les artistes ont abordé les modèles noirs du XVIIIe au XXe siècle. Elle s’intéresse principalement à “la question du modèle, et donc du dialogue entre l’artiste qui peint, sculpte, grave ou photographie et le modèle qui pose“. Un thème complexe qui permet de découvrir comment l’image des Noirs a pu évoluer au fil des œuvres. On remarque vite les bustes de Charles Cordier. En effet, à une époque où l’orientalisme restait souvent dans la caricature, Charles Cordier s’est intéressé à ses modèles et a tenté d’en rendre toute la personnalité et la beauté. “Avec admiration et respect, Cordier a su rendre sa noblesse naturelle, qui l’a fait parfois comparer (le buste de Saïd Abdallah, NDLR) à un empereur romain“, note le Musée d’Orsay. Regard respectueux du sculpteur pour ses modèlesCela tient beaucoup à la personnalité du sculpteur originaire de Cambrai. Henri Joseph Charles Cordier y naît le 1er novembre 1827. Ce fils de pharmacien gagne Paris en 1844. Il entre aux Beaux-Arts et travaille en même temps dans l’atelier de François Rude, connu notamment pour son œuvre sur l’Arc de Triomphe. Il a 20 ans quand il rencontre Seïd Enkess dit Saïd Abdallah, un ancien esclave soudanais affranchi, qui pose comme modèle dans les ateliers parisiens et notamment celui de François Rude. “Un superbe Soudanais paraît à l’atelier, écrit-il dans ses mémoires. En quinze jours, je fis ce buste. Nous le transportâmes, un camarade et moi, dans ma chambre près de mon lit (…), je couvais l’œuvre (…), je la fis mouler et l’envoyai au Salon (…). Ce fut une révélation pour tout le monde artistique. (…) Mon genre avait l’actualité d’un sujet nouveau, la révolte contre l’esclavage, l’anthropologie à sa naissance…”Pour Cordier, c’est le début du succès. Son œuvre est achetée par la reine Victoria en 1851. L’époque est à la découverte du monde… et au développement des empires coloniaux. Dans ce cadre, les musées s’intéressent aux portraits exotiques. L’Etat français achète une version du buste de Saïd Abdallah pour la salle d’anthropologie du Jardin des Plantes de Paris, où se crée en 1852 une “galerie des principaux types humains”.  Lors de la rétrospective que lui a consacrée le musée d’Orsay en 2004, ses bustes “rendent tous compte du regard respectueux que le sculpteur anthropologue posait sur ses modèles, loin des dérives des thèses colonialistes d’une époque qui était davantage préoccupée à recenser un répertoire de curiosités ethniques“, notait RFI.La qualité de ces statues en font un artiste majeur du Second empire. Ses sculptures se vendent partout, en France et à l’étranger. 

Bustes signés Charles Cordier (Musée d’Orsay). (SONNET SYLVAIN / HEMIS.FR / AFP)

“Le beau n’est pas propre à une race”En 1856, il passe plusieurs mois en Algérie (pays qu’il adoptera par la suite, puisqu’il y mourra en 1905), où il réalise le Nègre du Soudan, en réalité un joueur de tambour croisé dans les rues d’Alger. Il se rend aussi en Egypte et au Soudan, où il multiplie les œuvres qui, dans les années 1870, saisissent le public. “Il est difficile de passer devant ses fellahs du Caire ou ses juives d’Alger, avec les teintes variées de leurs costumes et de leurs visages, et les ornements polychromes de leurs toilettes sans s’arrêter un moment devant elles avec une indéfinissable émotion”, rapportait ainsi le journal Le Constitutionnel en 1870.Il est “le seul de ses contemporains à avoir consacré de manière généreuse la majeure partie de son œuvre à la représentation de la diversité humaine“, disait de lui en 2004 Serge Lemoine, directeur du musée d’Orsay, lors de l’exposition qui lui était consacrée. Symbolique du personnage, il est aussi l’auteur en 1867 de Aimez-vous les uns les autres, une statut aussi appelée la Fraternité ou l’Union des races. Elle représente un enfant noir et un enfant blanc enlacés, célébrant ainsi l’amitié entre les peuples. Ce sculpteur ethnographe tranchait avec certaines dérives de son époque qui vit paraître le tristement célèbre Essai sur l’inégalité des races de Gobineau (1853-1855). Cordier préférait affirmer en 1862 dans une langue que l’on n’utiliserait plus aujourd’hui : “Le beau n’est pas propre à une race privilégiée, j’ai émis dans le monde artistique l’idée de l’ubiquité du beau. Toute race a sa beauté qui diffère de celle des autres races. Le plus beau Nègre n’est pas celui qui nous ressemble le plus.” Ce beau est visible au musée d’Orsay, à Paris, jusqu’au 21 juillet 2019. Click Here: Cheap Chiefs Rugby Jersey 2019

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