, arrêté le 26 septembre dernier à l’aéroport alors qu’il venait recevoir un prix au festival du film de Zurich, a quitté sa geôle… pour se rendre à l’hôpital. Quel est exactement l’état de santé du réalisateur aux prises avec la réalité carcérale?
Apprenti taulard à 76 ans, Roman Polanski a découvert le quotidien âpre, brutal, amoral des centres de détention. La semaine dernière, on apprenait qu’il terminait son prochain film intitulé L’Homme De L’Ombre… à l’ombre des barreaux. Aujourd’hui, l’homme dépérit. «Roman Polanski a dû quitter sa cellule pour subir des examens médicaux», a déclaré Maître Hervé Temime, son avocat français. «Il est clair que M. Polanski est à la fois fatigué moralement et physiquement», a-t-il confié à Reuters. «Je l’ai vu il y a une semaine et, après l’avoir vu, j’étais vraiment sorti le coeur lourd parce que j’avais le sentiment d’un homme (…) affaibli. De manière plus générale, son âge et sa situation personnelle font que nous avons des éléments vraiment très forts pour demander et obtenir sa mise en liberté», a-t-il ajouté. La défense dit cependant ne pas avoir parlé récemment avec son client.
Pessimiste, le consul général de France Jean-Luc Fauré-Tournaire s’était dit préoccupé vendredi par l’état de santé du détenu Polanski, enfermé à Winterthour, sur mandat d’arrêt américain. «Ce n’est pas à 76 ans qu’on va en prison. C’est un vieux monsieur», avait-il simplement commenté, perplexe voire angoissé.
Sur son site Internet, le tabloïd suisse Blick explique que le réalisateur franco-polonais a été transporté vendredi matin «dans un hôpital du canton de Zurich». Le journal cite une source judiciaire de Berne qui a souhaité l’anonymat: «Polanski doit rester alité à l’hôpital un à deux jours pour un problème médical antérieur à son arrestation en Suisse. Cela ne pouvait être traité en ambulatoire», apprend-on, sans plus de détails sur l’affection du septuagénaire.
«Ne te fais pas de souci. J’en ai vu d’autres», avait pourtant glissé Roman Polanski à sa femme
en l’informant de ses conditions spartiates: sa cellule «rudimentaire», ses 3 euros d’argent de poche par jour, ses repas au réfectoire avec le reste des prisonniers…
Rappel des faits
10 mars 1977. Alors qu’il met sur pellicule ses thèmes de prédilection: la séduction, le mystique, le sang, bref la plongée dans les enfers, sa vie dissolue conduit Roman Polanski à entretenir une liaison avec une gamine de 13 ans. A l’issue d’une séance de photos qu’il réalise pour le magazine Vogue dans la demeure de
à Hollywood, Polanski a des relations sexuelles avec son modèle, à qui il fait consommer de l’alcool et un psychotrope. Interpellé le lendemain par la police, le réalisateur alors âgé de 43 ans exprime sa stupeur. Risquant en théorie 50 ans de prison, le metteur en scène scelle un marché avec le parquet et plaide coupable d’un seul de six chefs d’inculpation, procédure courante aux Etats-Unis qui évite un procès et ouvre la voie à une condamnation directe.
Envoyé en «évaluation» pendant trois mois, le réalisateur du Bal des Vampires passe 47 jours en prison. Le 31 janvier 1978, au sortir d’un entretien avec ses avocats Roman Polanski prend un avion pour la France, préférant fuir que retourner derrière les verrous. Exilé depuis en Europe, Roman Polanski a toujours été toujours considéré comme un «criminel en fuite» par la justice californienne. Le génie du 7e Art n’est jamais retourné aux Etats-Unis, ni pour recevoir l’Oscar du meilleur réalisateur qui lui a été décerné en 2003 pour Le pianiste (souvenirs d’une enfance brisée par les nazis), ni pour se recueillir sur la tombe de son épouse Sharon Tate, sauvagement assassinée par les adeptes du diabolique Charles Manson en 1969, alors qu’elle était enceinte de huit mois.
Pénitence. Auteur de films devenus culte comme Tess, Chinatown ou Rosemary’s Baby, Roman Polanski a continué son œuvre de torture depuis son exil. Abordant la souffrance physique et mentale à travers ses personnages, il a conjuré ses cauchemars en nous les faisant partager.
Captif. Entre ses quatre murs de béton et sa fenêtre minuscule, le papa de Morgane, 16 ans et Elvis, 11 ans, accuse le coup et s’étiole.
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Justine Boivin
Dimanche 18 octobre 2009