“C’est une situation complètement dramatique qui est due à un comportement tout à fait irresponsable du ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini”, a réagi ce mardi 20 août sur franceinfo Patrick Martin-Genier, spécialiste des questions européennes et enseignant à Sciences Po Paris après la démission du Premier ministre Giuseppe Conte. Selon lui, Matteo Salvini a tout fait pour “provoquer des élections”. Mais l’hypothèse que le ministre de l’Intérieur, proche de la Ligue d’extrême droite, dirige un gouvernement, “constitue un réel danger, non seulement pour l’Italie, mais également pour l’Europe. Cela mettrait à mal l’identité européenne et notamment les valeurs européennes”. Patrick Martin-Genier affirme cependant que “tout est fait pour écarter cet homme dangereux pour l’Italie, dangereux pour l’Europe, et dangereux pour la démocratie”.>> Notre dossier sur la crise en Italiefranceinfo : L’Italie peut-elle vraiment se payer le luxe de cette crise en ce moment ?Patrick Martin-Genier : Non, en effet. L’Italie vit des heures dramatiques aujourd’hui, notamment avec la crise migratoire, avec le navire Open Arms. Cette crise politique intervient en plein mois d’août, quelques jours simplement après le premier anniversaire de l’écroulement du pont de Gênes. C’est une situation complètement dramatique qui est due à un comportement tout à fait irresponsable du ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, qui n’a de cesse depuis plusieurs mois de bousculer le gouvernement dont il fait partie, pour provoquer de nouvelles élections. Les sondages lui donnent entre 35 et 36 % des voix. Ce qui lui permettrait de devenir haut la main Premier ministre, ce que ne veulent absolument pas les parlementaires italiens et notamment les gens de la coalition.
L’hypothèse d’une arrivée au pouvoir seul de Salvini, et donc de l’extrême droite, c’est quelque chose qui va quand même à l’encontre des valeurs fondatrices de l’Union européenne ?Bien sûr, parce que les valeurs de l’Union européenne sont contenues dans le traité et l’Italie est un pays fondateur des Communautés européennes. Ce serait tout à fait inadmissible, inacceptable, inenvisageable. Matteo Salvini adopte un peu les gestes et les mimiques de Benito Mussolini. On lui reproche un peu son approche néo-fasciste, avec ses mots d’ordre raciste. Il ne rejette même pas la comparaison. Il a les mêmes gestuelles que lui et c’est tout à fait inquiétant. Et c’est ce qu’a dit le président du Conseil, Guiseppe Conte. Et c’est ce que disent les autres. Parce qu’il parle d’organiser une marche pour le pouvoir qui rappellerait la marche organisée par Mussolini. Cela s’inscrit dans un contexte populiste et nationaliste. Cela compliquerait les choses parce que Matteo Salvini a bien montré qu’en réalité, comme beaucoup de partis d’extrême droite, il n’est pas si éloigné que cela de Vladimir Poutine et de la Russie, avec laquelle il a eu des liens notamment financiers. Par conséquent, tout cela constitue un réel danger, non seulement pour l’Italie, mais également pour l’Europe. Aujourd’hui le budget italien n’est pas bouclé. L’endettement de l’État italien, c’est plus de 130 % du PIB. Ce qui fait que ce pays est encore sous la menace d’une infraction de la règle du déficit. Cela mettrait à mal l’identité européenne et notamment les valeurs européennes.Que peuvent faire les autres pays et l’Union européenne, à part regarder sans faire de l’ingérence ?Naturellement il n’est pas question d’intervenir dans le débat politique intérieur. Les Italiens, après tout, sont libres de choisir leurs gouvernants. Ils sont libres de refaire leur crise politique en plein mois d’août. C’est tout à fait irresponsable. Guiseppe Conte l’a souligné. Mais naturellement, l’Europe ne peut pas s’immiscer dans les affaires intérieures. En revanche, si on a un gouvernement, éventuellement conduit par Salvini, qui allait contre les valeurs européennes et décidait de faire éclater l’Union européenne, ce pays se mettrait lui-même en dehors de l’Union européenne. Ce serait un coup majeur, un coup fatal donné à la zone euro. Mais pour l’heure, Matteo Salvini, premièrement, n’a jamais dit qu’il quitterait la zone euro, et deuxièmement, il ne semble pas qu’aujourd’hui, il soit en situation de devenir président du Conseil. Car une coalition est en train de se former, soit entre le Mouvement 5 étoiles, le Parti démocrate et un petit parti de gauche et de l’égalité, qui permettrait d’avoir une majorité, soit éventuellement avec Silvio Berlusconi de Forza Italia. Tout est fait pour essayer d’écarter cet homme qui est dangereux pour l’Italie, dangereux pour l’Europe, et dangereux pour la démocratie.Click Here: essendon bombers guernsey 2019