A quelques jours du premier tour de la primaire socialiste, Gala.fr vous livre une série de portraits des candidats. Après celui de Martine Aubry hier, François Hollande et Manuel Valls, celui de Ségolène Royal. Déjà rompue à l’exercice de la campagne présidentielle, Ségolène Royal est prête à se lancer à nouveau dans l’aventure cette année. Mère de famille dévouée, femme de tête et de cœur, l’ancienne ministre déléguée à l’Enseignement et à la Famille arrivera-t-elle a faire oublier son premier échec présidentiel et son costume de Jeanne d’Arc? Bienvenue en terres royales.
Elle est toutes les femmes,et personne ne sait qui elle est vraiment. Ségolène Royal, comme beaucoup de ses congénères du monde politique énerve radicalement ou séduit en un regard. Sa différence à elle? Etre un vrai caméléon et amadouer les électeurs. Daniel Bernard dans VSD s’interroge: Ségolène Royal est-elle plus «Vénus de Botticelli, Laitière de Vermeer ou monochrome d’Yves Klein?». Elle est en tout cas une figure inévitable du paysage politique français. Ségolène a compris les erreurs de sa candidature à la présidentielle de 2006 et compte bien ne pas les reproduire. Mais son ambition dévorante et son caractère, que l’on dit parfois trop souple lui permettront-ils d’accéder aux marches du pouvoir? Quoi qu’il en soit, la Dakaroise de naissance s’est mise à la marge de ses confrères socialistes pour la course à la primaire. Son Désir d’Avenir s’inscrit d’ailleurs en mauve sur son site internet, comme pour ajouter une autre couche, un peu plus épaisse sur le rose éléphant de la gauche historique.
Ségolène en voyage
Son histoire à elle s’inscrit dans le mouvement perpétuel. Née à Dakar au Sénégal le 22 septembre 1953, Marie-Ségolène (de son vrai prénom) Royal, fille de Jacques et Hélène, a très vite déménagé de continents en petites régions. De la Martinique à la Champagne, en passant par le Calvados jusqu’au Poitou-Charentes, la candidate s’approprie toutes les origines. A l’Ouest, la technique fonctionne puisque Ségolène Royal est élue présidente du conseil régional du Poitou-Charentes en 2004, et depuis, personne ne l’a détrônée. En bonne énarque qui se respecte, elle a construit sa carrière politique en gravissant échelon par échelon les marches du pouvoir. Quand elle croise le chemin de Jacques Attalli puis celui de François Mitterrand, Ségolène Royal sent des ailes de blanche colombe lui pousser dans le dos. En 1984, le président socialiste lui confie les affaires sociales et l’environnement, Ségolène passe alors un cap. C’est à cette époque qu’elle franchit le seuil de l’Elysée et se promet d’y poser ses valises de présidente de la République, un jour. Elle garde donc un pied à Paris et l’autre en province où elle se tisse un réseau, social et politique qui lui permet de devenir l’une des jeunes figures de proue du Parti socialiste.
Mère courage
L’amour et la politique ne font pas bon ménage, Ségolène Royal va l’apprendre avec le temps. Ce qui ne l’empêche pas pour autant de devenir mère de quatre enfants: Thomas, Clémence, Julien et Flora. Avec François Hollande rencontré sur les bancs de l’Ecole Nationale d’Administration, elle donne naissance à ses deux fils et deux filles élevés au grain. Sa famille, elle en fait d’ailleurs sa meilleure alliée. Ministre déléguée de l’enseignement de 1997 à 2000 puis de la famille de mars 2000 à 2002, Ségolène Royal n’hésite pas à rater des conseils de ministres où des réunions qu’on lui signifie importantes pour aller soigner ses enfants «victimes de la varicelle». Une image de femme politique déterminée mais pas tête brûlée qui s’inscrit dans le cœur des Français comme celle d’une mère modèle. Ce cliché la poursuit encore aujourd’hui, sans lui déplaire. Son aîné Thomas, est d’ailleurs devenu en 2007 l’un de ses meilleurs conseillers et prend la tête de la Ségosphère.net.
Dans la campagne contre Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal a également pu compter sur François Hollande, son compagnon de l’époque. Alors premier secrétaire du Parti socialiste, il érige la mère de ses enfants en Sainte-Candidate. Une image un peu rétro, qui lui aura peut-être valu son échec. Dans la tourmente de la défaite, le couple implose et le duo politique a lui aussi du mal à subsister. Aujourd’hui, quand on lui demande de commenter l’avance de son ex-compagnon dans les sondages pour la primaire socialiste, elle tacle sur Canal + «les cimetières politiques son remplis de gens favoris des sondages».
La compétition s’annonce sans foi, ni loi. Ségolène Royale connaît déjà la rudesse d’une campagne présidentielle et ne devrait rien lâcher pour ce nouveau tour.
Ses désirs, son avenir
Celle qui a pour héros politique François Mitterrand, arrivera-t-elle cette fois-ci à marcher dans ses pas? Si en 2007, elle a réussi à faire mordre la poussière aux vieux éléphants du parti, cette année la lutte pour décrocher la candidature socialiste s’annonce plus ardue pour Ségolène Royal. Le baromètre Logica la donne aujourd’hui en quatrième place du classement avec 52% d’intentions positives, ex-æquo avec Arnaud Montebourg mais derrière Martine Aubry et François Hollande qui culminent à 77% de bonnes opinions à leur égard. Même si les électeurs ne lui accordent pas dans cette bataille toute la confiance qu’ils lui avaient conférée il y a cinq ans, Ségolène Royal pourra compter sur sa popularité pour sûrement faire partie de l’éventuel gouvernement socialiste à venir. Ségolène Royal au ministère de la famille (?) et pour sa famille, encore et toujours.
Laure Costey
Jeudi 6 octobre 2011
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